Syndicat CGT des hospitaliers d'Hirson

État
« d'urgences »
à l'hôpital Brisset

23 mars 2009
 

Approuvé par l'assemblée nationale, le projet de loi pour la réforme de l'hôpital fait grincer des dents à Hirson. Le point sur un service phare de l'établissement hirsonnais : les urgences.

Les urgences à l'hôpital Brisset à Hirson, c'est une porte ouverte 24h/24 pour cette mère de 2 enfants : « Dès que j'ai un souci avec l'un de mes deux enfants, je viens aux urgences. En un an, j'y suis peut-être venue une vingtaine de fois, essentiellement pour des rhumes. Lorsqu'il arrivera quelque chose de grave, je me demande comment je vais faire. Impossible de trouver un médecin traitant la nuit ou le week-end. »
Ce mercredi après-midi, le petit Esteban a de la fièvre. Selon la pédiatre du service, c'est peut-être lié à une infection urinaire. Dans l'une des salles, la maman de Saint-Michel attend avec son petit. Dans l'autre, une dame âgée gémit. Premier diagnostic : il s'agit d'une déshydratation.
Ça se passe comme ça au service des urgences hirsonnais : comme partout, on accueille tous publics et on oscille entre périodes d'engorgement et accalmies. « Les jours se suivent et ne se ressemblent pas », ironise une jeune infirmière.
Pourtant, pour Ginette Devaux, infirmière du même service, syndiquée CGT, les coupes sombres vident l'établissement de son nerf de guerre : « Nous n'avons pas de gros cas toute la journée, ni tous les jours. Mais que se passe-t-il lorsque comme aujourd'hui, en début d'après-midi, un cas vital se présente ? »
Depuis deux heures que l'équipe du Smur est partie, il n'y a pas eu d'appels urgents. Mais il est arrivé que ce soit le cas et personne pour y répondre : « Dans ce cas, on fait face, on se débrouille. Et on essuie les reproches parce que les gens attendent trop. »
Depuis la création du Smur en 1989 pour amener les soins au plus tôt et au plus vite auprès du patient, l'équipe des urgences a doublé. Depuis, les effectifs sont stables. Pourtant, le nombre de passages croît depuis cinq ans. L'an dernier, il y a eu 700 passages de plus qu'en 2007. « Le gros souci, c'est qu'il manque de place dans les services », ajoute Ginette Devaux.
Des services qui ne cessent de réduire comme peau de chagrin depuis deux ans : en 2006, le coup que l'on assène à l'hôpital Brisset est double. Pour certains, la suppression du service de chirurgie et de maternité sonne le glas de la santé de l'établissement. « On a eu l'impression qu'il y avait une réelle volonté de non-embauche », commente Ginette Devaux.
Une population vieillissante
Au-delà du discours CGTiste, Benjamin Drop, cadre santé aux urgences, et Philippe Thiéry, responsable des urgences de Fourmies et d'Hirson dans le cadre d'une collaboration entre les deux hôpitaux, tirent d'autres constats : « Nous avons affaire à une population essentiellement vieillissante, de plus en plus nombreuse, en raison des progrès de la médecine, qui permettent d'allonger la durée de vie de façon considérable. Et le désert médical sévit ici plus qu'ailleurs. »
Dans ce contexte, les mentalités changent aussi, selon Philippe Thiéry : « On cherche à coller des étiquettes, des garanties. Côté médecins, on se spécialise de plus en plus. De la part des patients, on est à la recherche de cette spécialisation. »
Derrière ses propos, il y a les contrôles accrus que l'administration fait peser sur l'hôpital et qui permettent de l'évaluer : « C'est comme une étiquette AOC. On remplit des formulaires pour voir si on peut bénéficier du « label rouge ». C'est autant de temps en moins passé avec le patient. » 
 Article issu de L'UNION Haut de page
 



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