Si tôt, car il y a visiblement une double urgence. La première, c'est que les salariés ont besoin de dire haut et fort leur mécontentement et leurs inquiétudes après l'avalanche de coups durs qu'ils ont encaissés ces derniers mois et devant ceux qui en profitent. La deuxième, c'est la précipitation avec laquelle le gouvernement lui-même a engagé une nouvelle réforme des retraites. Réforme qui, si l'on en croit des fuites savamment distillées, n'aura guère à envier à la dernière que nous avons connue et qui avait mobilisé une très forte opposition.
Le gouvernement a voulu marquer les esprits en affichant une activité fébrile pendant les vacances. Sans vouloir ironiser, comme l'a fait un hebdomadaire satirique, et prétendre que, vu les orientations affichées et les mesures prises cet été, il eût mieux valu que les ministres utilisent leur droit aux vacances, il est clair que le mécontentement n'a pas faibli. Et les indices de satisfactrion sont au plus bas.
Le détournement des richesses.
Il est en effet de plus en plus difficile de masquer le fantastique détournement de richesses opéré au détriment du travail et au profit du capital financier. Difficile aussi de masquer l'accumulation indévente de profits et de fortunes qui échappent à l'impôt grâce à des dispositifs mis en place par des gouvernements complaisants ou peu vigilants.
Selon l'étude de cinq économistes pour le compte de la CGT, sur 1004 milliards de richesses créées, 132,7 sont prélevés pour les dividendes et les intérêts payés aux banques ; 514 sont consacrés aux salaires et 202 aux investissements.
Ce qui plombe les finances et l'économie du pays, le pouvoir d'achat des familles, ce n'est pas le « coût du travail » mais le coût du capital. Ce n'est pas le travail qui coûte cher, mais le non-travail de près de 5 millions de sans-emploi.
Toujours selon cette étude, ce qui fait la différence de compétitivité entre le France et l'Allemagne, c'est surtout l'augmentation exponentielle des dividendes en France : plus 187% entre 1999 et 2010, alors que dans le même période, en Allemagne ils baissent de 7%. par contre, les dépenses de recherche et de développement chutaient en Franceet augmentaient en Allemagne.
De ce fait, depuis trente ans en France, le montant des dividendes a été multiplié par 16, tandis que le montant du salaire moyen doublait seulement. C'est dire si les ressources existent dans notre pays pour relancer l'activité économique et l'emploi, et répondre ainsi aux besoins de financement de la protection sociale.
Un rassemblement de propositions.
C'est pourquoi le 10 septembre ne sera pas seulement un rassemblement de mécontents. La CGT, pour ce qui l'a concerne, a multiplié les propositions dans tous les domaines. Durant tout l'été, les organisations CGT des professions des territoires ont tenu des assemblées, distribué un quatre-pages d'analyses et de propositions pour le financement des retraites, pris l'initiative de rencontres avec les autres syndicats et les associations pour préparer ensemble les rassemblements du 10 septembre.
Ce 10 septembre sera l'occasion pour le monde du travail de se faire entendre. Faire entendre qu'il est d'autres solutions que de tenter vainement de rassurer les marchés.