Syndicat CGT des hospitaliers d'Hirson

Le directeur mis en congés, les langues se délient à l'hôpital.

28/6/2012

 
Durant des mois, Christelle Pailla, DRH, a vécu une véritable descente aux enfers. "Mise au placard", elle ne comprenait pas ce qu'on lui reprochait. Elle témoigne.
Après quatre jours de blocage du bureau du directeur des hôpitaux de Fourmies et Hirson, le syndicat CGT des hospitaliers a obtenu l'assurance des ARS (agence régionale de santé), en fin de semaine, que la direction serait remaniée.
Un véritable soulagement pour les agents qui dénonçaient, depuis plusieurs mois, des dysfonctionnements. Certains agents, soulagés, n'ont alors pas hésité à témoigner. A l'instar de Christelle Pailla, recrutée à Fourmies par l'ex-directeur, Philippe Legros en 2004, dans le cadre du pilotage de la certification. En 2005, elle est nommée à Hirson comme assistante de direction puis promue DRH (directrice des ressources humaines). Puis mai 2009, c'est le regroupement des centres hospitaliers de Fourmies et d'Hirson et l'arrivée de Philippe Deboosère à la direction générale. "Les ARS nous confient alors une lettre de mission très claire. Dans le cadre d'un regroupement, il fallait mutualiser les moyens humains, matériels et techniques. A l'époque, tous les acteurs de santé avaient conscience que pour pérenniser une offre de soin de qualité et de sécurité sur la Thiérache, il était nécessaire que les établissements se regroupent". Ce grand projet, une première en France, était novateur et d'envergure parce que transfrontalier et expérimental. "Nous devions montrer que nous étions capable de développer ce projet".
A l'arrivée du directeur, tout va basculer pour Christelle Pailla, qui, selon elle, va être considérée comme la bête noire, la tête à abattre. Elle ne comprend pas les reproches qui lui sont faits, alors que depuis 2004, "j'avais donné le meilleur de moi-même, j'étais anéantie". A partir de ce jour, elle sombre dans une dépression.
Quelques mois après, alors qu'on lui faisait comprendre qu'il n'y avait pas de poste pour elle, elle se voit confier le poste de chargée de mission coopération transfrontalière. "C'était un poste épanouissant. J'ai accepté. Mais je ne m'attendais pas à ce que l'on m'installe au fond de la maternité, alors que je faisais partie de l'équipe de direction. Je ne voyais plus personne. Personne ne me connaissait. Je n'étais plus invitée aux réunions de direction, on ne me communiquait plus une quelconque information. J'étais placardisée". Exclue, elle réussira finalement à rebondir. "Grâce aux médecins qui venaient à moi, j'ai commencé à me ressourcer, à sortir du trou dans lequel j'étais plongée. Ils m'ont d'ailleurs sollicitée pour faire partie de leurs instances pour animer, piloter coordonner leurs réunions. Et maintenant, je suis coordonatrice du comité technique d'éthique, du comité de liaison d'alimentation et de nutrition et du comité de lutte contre la douleur". Christelle Pailla s'en sort alors que, selon ses propos, la direction ne souhaitait que son départ. "On m'avait présentée comme étant un problème pour les autres, on voulait ma tête. Moi, tout ce que je voulais, c'était travailler et pas que l'on m'enterre".
Aujourd'hui, avec ce tournant, elle espère que "demain, si nouvelle direction il y a, on arrivera à rassembler tout le monde autour du même projet, de l'intérêt général des établissements de santé, autour du patient, car c'est pour le patient que l'on doit apporter une meilleure offre de soin et pour cela, il faut être attractif, il faut que les médecins croient en nous, croient en la CHT. Et nous, les acteurs de santé, on est prêt à accueillir ces médecins, à donner le meilleur de nous pour justement maintenir les hôpitaux sur le territoire et donner satisfaction à la population de Thiérache".
"On voulait sortir la tête haute"
Durant quatre jours, le syndicat CGT a maintenu la pression. Ils étaient déterminés à aller jusqu'au bout.
Cela faisait des mois que le syndicat CGT des hospitaliers tirait la sonnette d'alarme et dénonçait auprès des instances des dysfonctionnements au sein des hôpitaux de Fourmies et Hirson. Ecoutés, ils avaient l'impression de ne pas être entendus. D'où la décision de mener cette action coup de poing, pour faire monter d'un cran la pression. A partir du 19 juin 8h30, "nous avons décidé de bloquer l'accès des bureaux à M. Deboosère à Fourmies et à Hirson. C'était vraiment une action symbolique. On ne voulait plus de lui donc il ne fallait plus qu'il accède à son bureau. Notre action était symbolique, pacifique. Tous les personnels pouvaient accéder à leurs bureaux, les services de soin ont été assurés normalement. Cela n'a en rien gêné le fonctionnement des hôpitaux", insiste Sonia Nguyen, du syndicat CGT.
 
Quatre jours de blocage du bureau du directeur. Un malaise dénoncé depuis plus d'un an.
En contact régulier avec les instances, les ARS, puis le ministère, au bout de quatre jours, "vendredi après-midi, nous avons obtenu la certitude des autorités de tutelles de voir notre objectif atteint et la fin du conflit mené ces quatre derniers jours. Actuellement, nous avons des informations, mais on ne connaît pas le processus. Mais on sait que la semaine prochaine on se dirige vers une restructuration des hôpitaux de la Thiérache et un remaniement de la direction".


"Cela fait un peu près un an et demi que l'on dénonce auprès du ministère de la santé, des ARS, des instances, le malaise qui existait dans les hôpitaux et qui grandissait de jour en jour. Les personnels subissaient des pressions, le dialogue social était quasiment inexistant, il y avait des dysfonctionnements dans le management et dans la gestion". Ils ne comprenaient pas d'ailleurs pourquoi le directeur, condamné dans le procès de Wali Mohebi, était encore en poste. "Si cette décision de justice avait concerné un autre agent quelqu'il soit dans l'établissement, cet agent aurait déjà eu des sanctions. M. Deboosère devait être traité de la même façon, pour que l'on soit crédibles".
Au terme de ce mouvement, le syndicat estime que le jeu en valait la chandelle. "On voulait sortir de ce conflit la tête haute. Nous étions déterminés. On serait allés jusqu'au bout et s'il avait fallu rester trois mois dans le couloir on serait restés trois mois dans le couloir".
Le directeur, Philippe Deboosère n'a pas souhaité commenter la situation. Il a juste déclaré qu'il avait demandé à être mis en congés afin d'apaiser les tensions et rétablir le dialogue.
Martin Trélcat nommé à la direction.
Jean-Pierre Robelet, directeur général délégué de l'ARS, a commenté cette situation : "vendredi, nous avons réussi à régler le problème. Le directeur Philippe Deboosère, à sa demande, est en congés pour apaiser le climat et préparer son avenir sous d'autres cieux. le nouveau directeur, Martin Trélcat, devrait arriver dans les prochains jours pourqu'il n'y ait pas de rupture".
 
Martin Trélcat était jusqu'alors directeur de l'hôpital de Felleries-Liessies. C'est un grand chantier qui l'attend : "les mêmes objectifs lui seront fixés, la coopération avec les autres établissements, le changement d'orientation, et il sera chargé d'établir des relations les meilleures possibles. L'important c'est que l'hôpital fonctionne pour les malades".
L'interview : Sylvie Cohidon, directrice adjointe
du centre hospitalier d'Hirson.
Quel est l'intérêt pour les hôpitaux de Fourmies et d'Hirson de créer une communauté hospitalière ?

Tous les indicateurs du territoire sont dans le rouge. A la fois en matière d'indicateurs sociaux, épidémiologiques. par ailleurs, le territoire est totalement excentré. Les patients ont besoin d'une santé de proximité. Cela coûte extrêmement cher de financer cinq établissements (Fourmies - Hirson - Chimay - Le Nouvion - Vervins) situés dans un rayon de cinquante kilomètres. Ces établissements sont par ailleurs trop petits pour avoir leur propre plateau technique. le seul moyen de garder un plateau technique de qualité et performant, c'est de regrouper les moyens, de redistribuer l'offre de soin de manière transfrontalière. Il faut rationaliser les choix budgétaires, repenser l'offre de soin qui ne peut se faire qu'en s'alliant  tout en gardant son identité. La communauté hospitalière de Thiérache ne pourra se faire qu'à partir d'un projet de santé transfrontalier, d'un projet médical. Cela permettra également de pérenniser les emplois.
Où en est la communauté hospitalière ?
Pour le moment, elle est en stand-by. la convention constitutive n'a pas était validée par les ARS. Elle doit être revue du côté français et l'ARS étudie une nouvelle gouvernance transfrontalière.
Pourquoi elle n'a pas su se faire jusqu'à maintenant ?
Les ARS ont fait preuve de prudence aux vues des documents soumis.
Qu'aurait-il fallu faire ?
Il aurait fallu respecter beaucoup plus le projet médical, savoir écouter les médecins, impliquer le personnel dans la filière soin et faire preuve de plus de rigueur et d'impartialité dans la constitution du dossier.
Quel est alors le défi à relever demain ?
Nous devons reconstruire la confiance entre le personnel de direction et les salariés médicaux et paramédicaux. Et surtout avec les patients, les médecins de ville. Il faut redorer l'image des hôpitaux  avec un vrai projet de soins pour aboutir à une gestion harmonisée des hôpitaux de l'Aisne du Nord et de la Belgique basée uniquement sur la qualité de l'offre de soin, la gradation des soins. Il faudra donc du temps pour créer la CHT.
Article issu du journal : Le courrier d'Hirson | Edition du 28 juin 2012.

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